Eze et Valdeze : de l'eau dans le gaz ?

Bientôt les vendanges, quelle pollution pour l’Eze ?

Quel impact sur le milieu d’une des plus importantes coopératives de la région.

 

 

Depuis quelques temps, les riverains de l’Eze à la Tour d’Aigues sont gênés par une pollution olfactive importante, qui s’accentue en période de vendanges, et ont constaté le rejet d’eaux grises et brillantes (soude ?), de déchets divers, surtout en période d’étiage, dans le lit de l’Eze. Notre association a rencontré le collectif qui s’est créé, peu avant sa création en association début août 2020 : Association de Défense des Riverains et de l'Environnement du Val de l’Eze - ADREVE.

Un peu d’histoire :

La vallée de l’Aigues a depuis des siècles eu une importante activité viticole. Ce savoir-faire a été entretenu et développé au fil du temps.

Aujourd’hui, la cave coopérative Terre Valdèze est issue de la fusion de trois caves :

En 1924 Les vignerons de La-Tour-d’Aigues créent la première cave coopérative du village, en 1929 s’ouvre une cave coopérative dans le village voisin de La-Motte-d’Aigues, en 1933, le vignoble s’étant développé dans la Vallée d’Aigues, c’est la création d’une deuxième cave à La-Tour-d’Aigues. En 1988 l’AOC Luberon est obtenue.

En 2005, le rapprochement engagé entre les deux caves coopératives de La-Tour-d’Aigues débouche sur une fusion : Valdèze est née. Son nom s’inspire de la Vallée de l’Eze, le cours d’eau qui traverse le village.

En 2009 : Valdèze obtient la certification Agri-Confiance©, un label ni exigeant, ni concret… dont la dernière mouture en 2019 propose de « monter en exigence et répondre encore mieux aux attentes sociétales et du consommateur » : https://www.circuits-culture.com/content/un-nouveau-referentiel-agri-confiancer

En 2010 Valdèze et la cave de la-Motte-d’Aigues fusionnent à leur tour, en 2014 la nouvelle structure adopte l’identité commune « Terres Valdèze », fédère 350 Vignerons , et « investit chaque année dans des équipements de dernière génération », c’est une des plus importantes caves vinicoles de la région. En 2019 elle a un chiffre d’affaire de plus de 16 M d’Euros et produit 160 000 hectolitres de vin par an à partir sur 18 communes .

Les effluents vinicoles et l’environnement :

 

Du fait de son volume de production, Terre Valdèze est une ICPE- Installation Classée pour la Protection de l'Environnement - soumise donc à des règlementations spécifiques.

Divers articles font état des impacts non négligeables de la production de vin sur l’environnement, malgré ces règlementations. Notre propos n’est pas de remettre en question le fait de produire (et boire !) du vin, mais la France en est un gros producteur, et il est important de s’informer sur les conséquences environnementales de cette production. Tout d’abord la consommation d’eau :   Le tri du raisin, son entretien, son pressage et sa fermentation nécessitent une grande quantité d’eau. Il ne s’agit pas d’eau contenue dans le vin mais d’eau utilisée, de façon intermédiaire, pour sa fabrication. On parle “d’eau virtuelle”.

Certains diront que cette eau « virtuelle » représente 120 litres d’eau pour la production d’un seul verre de vin (environ 13 cl) ( ONG Water Footprint Network) . La filière viticole se penche sur cette question et cherche à optimiser la consommation d’eau des installations. L’Institut Français du Vin fait des recherches sur ce sujet.

Le traitement des effluents est une question tout aussi préoccupante. En septembre 2011 l’article de  Lauriane Rialhe pose bien la question

https://www.actu-environnement.com/ae/news/vendange-effluents-vinicoles-polluants-rivieres-13464.php4

Depuis il y a eu des avancées mais ce qui se passe à Terre Valdèze montre que le traitement des effluents vinicoles n’est pas simple…et coûte cher.

En 2011 SUEZ construit une nouvelle station d’épuration biologique autonome pour Terre Vadèze, équipée d’un méthaniseur, il la gère jusqu’en 2016. La coopérative choisit ensuite la SEM (Société des Eaux de Marseille) pour le traitement de ses effluents et la méthanisation des résidus de vendange, c’est donc cette société qui gère l’installation aujourd’hui.

Depuis 2019, pour rentabiliser son installation, la cave accueille les effluents d’Ansouis, pour cela elle a été dispensée d’étude d’impact.

En mars 2019 une visite de l’unité de méthanisation de la coopérative a été faite par le GERES, le compte-rendu décrit l’installation, son fonctionnement, les investissements etc….Pour ceux qui veulent en savoir plus on peut le lire : http://www.metha-paca.fr/compte-rendu-visite-unite-de-methanisation-terres-valdeze/

Ce rapport doit faire poser des questions aux riverains, quelle est la qualité de l’eau rejetée, peut-on avoir accès aux analyses ?  Quelles fumées sortent de la torchère ?  Quels effluents proviennent de l’usine d’embouteillage, de quelle usine s’agit-il ?  (effluents sucrés ?). Les boues pressées stockées dans deux containers (production environ de 130 t/an), sont traitées « par la suite » par une distillerie, qui en assure le transport, quel est l’état des containers?

L’Eze est un cours d’eau à sec l’été, quelles conséquences cette cave coopérative a sur le milieu dans lequel elle se trouve ? Les éléments donnés dans cet article ne peuvent permettre de répondre à la question sans des investigations plus avant, mais notre association s’associe aux riverains et acteurs concernés par la préservation des milieux pour accompagner l’information du plus grand nombre et donc leur vigilance. Il faut aussi savoir qu’en amont de la cave, la viticulture conventionnelle se situe parmi les plus polluantes des activités agricoles, son empreinte écologique et sanitaire liée aux pesticides et aux pratiques de travail du sol est très forte. Buvons bio…

Le Val de l’Eze, la vallée de l’Aigues en viticulture biologique, la diversification des cultures,  le retour de la biodiversité le long de nos rivières, c’est aussi notre sujet. Car il se pourrait que ce soit l’eau potable qui manque un jour en Provence, et là, difficile de mettre de l’eau dans son vin !

Françoise

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